Comment se porte la production des nouvelles gammes de jeux de rôles imprimés en France ? Si l’on en croit le GroG (qu’ils soient bénis), entre novembre 2010 et octobre 2011 il y aura eu en tout près d’une vingtaine de parutions sur le marché du JDR francophone (trois nouveaux jeux et seize suppléments). Dix maisons d’édition ont en effet au moins une sortie de prévue sur cette période, dont neuf françaises (Mongoose, la maison britannique, publie elle-même ses traductions françaises).
Neuf maisons (indiquées en noir) sur la vingtaine de structures dont le jeu de rôle constitue au moins une partie de l’activité :
Cela est-il le signe que le marché se porte mal au point que des maisons ne peuvent même plus risquer de produire des nouveautés ? Bien sûr que non.
Plusieurs raisons possibles à l’absence de sorties sont à souligner : tout d’abord un certain nombre de ces structures sont minuscules, et n’ont pas une activité continue, parce qu’elles sont très récentes (CDS éditions, Footbridge, etc.) ou bien parce qu’elles ont des moyens très réduits (Icare, la BAP, etc.). D’autres entreprises ont au contraire une taille bien suffisante pour sortir régulièrement des titres, mais ne produisent pas que des JDR (Edge bien sûr, mais aussi Play factory, Nestiveqnen ou encore la Bibliothèque interdite).
Entre les grands (relativement) et les micro-éditeurs de JDR, ce sont donc les maisons spécialisées mais de taille raisonnable, qui ont entre trois et dix ans d’ancienneté, qui assurent la vitalité du marché éditorial. C’est rassurant, pour au moins une raison : là où certains disent que l’âge d’or du JDR est fini depuis 10 ans, on observe surtout un simple éclatement de la production entre de jeunes structures qui se sont partagées le marché suite au retrait ou à la chute des anciens acteurs dominants (Asmodee en tête). Cette jeunesse n’est pas forcément synonyme de faiblesse, puisque les années passent malgré tout et que les chiffres d’affaires progressent : il a par exemple été multiplié par deux chez les XII singes entre 2007 et 2009.
Si le marché global du JDR ne semble pas dépasser quelques millions d’euros – qui se comptent sur les doigts d’une main, et qu’il est partagé entre un géant (Edge, qui possède de façon quasi hégémonique le nerf de la guerre, à savoir la fonction de diffusion/distribution via Millénium) et une mini galaxie d’acteurs au poids relativement comparable (entre 50 000 et 300 000 euros environ de CA annuel), il perdure néanmoins et suit le chemin de sa reconfiguration, suite aux bouleversements éditoriaux du nouveau millénaire.
Pascal.
[Beaucoup de points n’ont pas été abordés ici : les scénarios d’évolution de la diffusion/distribution (avec des initiatives comme celle de l’association Légion), la question du JDR « amateur » et de son éventuel modèle économique, la place de choix qu’occupent les productions étrangères sur le marché (alors que les créations françaises ont bien du mal à s’exporter malgré leur potentiel)… Affaire à suivre!]
jonathan
Pascal
Pascal
Boudat Stéphane
Pascal
Boudat Stéphane